Quatre ans après le fort remarqué The River/Both Sides Of The Story, Marco De Angelis (MDA pour les intimes) retrouve sa place dans les colonnes de Clair & Obscur à l’occasion de la sortie de Next Station, son nouvel opus. Rappelons avant tout que Marco a été un producteur très actif pendant plus de deux décades au sein de son studio, Soundtrack Studio, puis de son label avant de se consacrer à des activités plus personnelles. Ceci explique que, bien qu’étant un musicien émérite, éclectique et même une référence en matière de « Chapman stick », le bel Italien n’a sorti son premier album qu’à l’aube de la cinquantaine.

Et il semble bien que ses changements de vie se soient cristallisés dans les lyrics de Next Station, un album dont le thème récurrent est le destin, le libre arbitre, la recherche éperdue du bonheur, les coups durs et les choix à la croisée des chemins de la vie. Notre Marco ne nous ferait-il pas une bonne crise de la cinquantaine ? Je ne suis pas assez intime avec lui pour l’affirmer, toujours est-il que ses lyrics sont réellement très émouvants et remarquablement illustrés dans le livret par de magnifiques photos, œuvres d’Andrew Howe et de MDA lui-même.

The River/Both Sides Of The Story apparaissait un tantinet trop influencé par Pink Floyd et en particulier par David Gilmour. Quatre ans après, MDA ne s’est pas détaché de ces racines parfois encombrantes (« Back Again », « Last Train ») quoique certains titres donnent quand même dans un style plus personnel et original (« Freewill », « Next Station »).

Cette fois-ci, ce sont trois chanteurs qui se partagent le micro sur un album de seulement six titres mais dont la durée dépasse la cinquantaine, elle aussi, mais de minutes.

Pour le reste, eh bien Marco De Angelis sait tout faire en matière de guitares, claviers et programmation et a seulement fait à nouveau appel à l’excellent batteur Cristiano Micalizzi. Pourtant, ce sont bien les guitares qui sont omniprésentes sur Next Station mais on ne s’en plaindra pas. MDA a bien évidemment officié aux manettes pour délivrer une production cristalline et classieuse de tout premier ordre.

Nad Sylvan (Steve Hackett Band, Agents of Mercy) se taille la part du lion au micro en chantant les trois premiers morceaux avec le charisme qu’on lui connaît très bien désormais. « Freewill », qui aurait pu être la BO du Cercle Des Poètes Disparus du fait qu’il prône une sorte de « carpe diem », adopte un ton plus lourd que ce qu’on avait pu découvrir sur le premier LP de MDA et « Keep Going » qui le suit enfonce le clou bien que sur un rythme mid-tempo. Il s’agit d’une excellente entrée en matière qui malheureusement s’estompe pendant le long (trop long ?) « A Proggy Night In London » dont le rythme envoûtant finit cependant par lasser.

Comme cité précédemment, « Back Again » propose une nouvelle immersion dans l’univers du « flamand rose » grâce en particulier au chant de Robbie Wyckoff (qui n’officie pas pour rien dans le Roger Waters Band), mais c’est tellement bien exécuté que ça n’est pas gênant pour deux sous. Le solo de guitare gilmouresque n’est pas en reste.

On retrouve ce cher Robbie sur le mid-tempo pachydermique du titre éponyme qui est à mon sens le morceau le plus ambitieux de Next Station. Les arpèges de guitares sont d’une beauté féérique et les incursions aux chœurs de Simona Rizzi et de Cristiana Polegri avec, en bonus pour cette dernière, des parties de sax épatantes, constituent l’écrin dans lequel brille de tous feux ce bijou.

Le thème de la croisée des chemins de la vie donne un « Last Train » plein de la sensibilité vocale de la part de Göran Edman (Karmakanic, Yngwie Malmsteen) et qu’on a envie de prendre en toute confiance malgré les incertitudes qu’il relate dans les lyrics tant il exprime une plénitude musicale totalement épanouie.

Ainsi donc, Marco De Angelis a peaufiné son propos de main de maître, que cela soit en termes de composition, d’interprétation ou de production. Il a su aussi très bien s’entourer pour nous gratifier d’un Next Station qui constitue un véritable voyage musical dans les méandres de la vie.

Rudy Zotche

 

Claire & Obscure review

Reviews Reviews station