«Bon, on te l’a mis vu que tu n’étais pas là, tu écris juste cinq lignes et ce sera OK». Faut savoir que nos réunions plénières, qui sont avant tout des réunions de travail même si elles ont gauloises, comportent plusieurs étapes : debriefing du numéro qui vient de sortir, préparation de la table des matières du suivant… et une criée haute en couleurs, animée par Alain Quaniers, pour attribuer les nombreuses promos qu’aucun d’entre nous n’a sélectionnées. Autant dire a) qu’il y a beaucoup de canassons à se répartir, et b) qu’il vaut mieux être présent, faute de quoi on hérite d’une partie de l’écurie. Sauf que… pour le coup, j’ai hérité d’un pur-sang! Né en 1962, Marco de Angel is est un gakifétou, entendez : il joue de la guitare, des claviers, de la basse, du Chapman Stick, il compose, il est ingénieur du son et producteur, possède son propre studio à Rome, et vénère la musique progressive des années 60 et 70. Ça garantit l’expérience, mais quid de la qualité musicale? Voilà, donc, je m’installe, prêt à taper mes cinq lignes vite fait, quand d’un coup mes mains s’éloignent du clavier tandis que je me renverse sur mon siège. Mais c’est très beau ça! Une intro à la guitare et aux claviers sur des accords lumineux, des choeurs à la Moon Safari, c’est Tell Me. Accroché je suis, d’autant plus que le son est superbe : auto-produit, oui, mais du travail de pro! Je ne dérocherai que pour appuyer sur la touche «Eject» à la fin du douzième morceau et prendre une respiration de bien-être. Absolument rien à jeter la-dedans. Je vous cite au hasard : One Love, qui fait immanquablement penser aux albums solos de Neal Morse, Snowbound avec son intro acoustique façon The Wall, le plus floydien encore Take It Away, ou enfin This Time, qui me rappelle… je ne sais pas quoi, mais Seigneur que c’est bien foutu! Clairement, on n’invente rien ici, il n’y a aucune exploration hasardeuse, mais perso, je n’en ai rien à caler : j’ai passé une heure bercé par une musique splendide, plus proche des prés ensoleillés que des écuries. J’espère que ce CD est facile à obtenir (sinon voyez le site web), le bonheur ne s’économise pas.
Christian Barbier Prog-Résiste website |